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Site de l'intersyndicale CGT, CFE-CGC et CFDT du site Technicolor Thomson Angers
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dimanche 21 octobre 2012

Près de 60 ans de souvenirs autour de Thomson Technicolor

Article Courrier de l'Ouest du 17/10/2012

Suite à la publication de notre reportage au sein des locaux de l'usine Thomson Technicolor à Angers, Dominique Cotinat a replongé dans ses souvenirs. Voici son récit.


"Quand je suis arrivée au printemps 1956, nous avons habité au bout de la rue de la Croix-Blanche qui s'appellait avant le Pressoir-Cornu. Bien qu'étant ouverte officiellement en 1957, mes parents étaient logés par l'entreprise. Ils ont été les deux premiers ouvriers angevins à être embauchés.
Je me rappelle même qu'ils ont élevé des moutons et brebis au nom de l'entreprise dont nous récoltions la laine pour en faire des matelas (faits par un artisant de Saint-Barthémely d'Anjou). Ils ont connu notamment les cabines à laine de verre pour faire les postes de télévision ensuite disparus, des tubes cathodiques etc...
J'y ai vu se construire juste derrière la maison, la voie ferrée qui traverse un peu plus loin le boulevard Gaston-Birgé.  J'ai connu donc l'usine à partir de 4 ans et maintenant à 60 ans, je vois le désastre de cette entreprise. Mon frère y travaille et fait partie des 350 salariés qui ne savent pas ce qu'ils vont devenir. C'est honteux.
Autrefois, Bull et Thomson étaient la fierté de la ville et concurrençaient l'hôpital, à savoir lequel des trois avait le plus grand nombre de salariés. Il y avait à une certaine période près de 3 000 salariés dans cette usine.
J'ai vu la cité Marie-Moreau se construire petit à petit derrière l'usine. Il y avait eu aussi juste derrière notre vigne la construction d'un terrain de foot pour les salariés de l'usine. J'ai connu la période de 68 où mes parents essayaient de survivre car les grèves à répétition n'arrangeaient pas leurs affaires. Il faut dire que nous étions cinq enfants. J'ai vu également sur le boulevard Birgé les petites entreprises s'y installer depuis la route de Paris jusqu'à la cité Marie-Moreau.
Mon père travaillait à l'entretien et s'occupait de la jardinerie. C'était un homme très respecté et souvent M. Roy, directeur de l'usine à l'époque, l'emmenait en voiture pour acheter de nouveaux rosiers et des fleurs pour les parterres de l'entrée de l'usine. Là, il n'y avait pas de grade qui comptait, seulement un respect mutuel entre le directeur et son ouvrier.
Je me souviens très bien que mon père m'avait raconté une histoire assez amusante : au printemps, il plantait des fleurs et souvent ses collègues glissaient dans la terre des graînes d'un peu de tout. Si bien, qu'au moment de tailler les rosiers, il y avait des radis, quelquefois des salades qui y poussaient. Il s'y était habitué et souvent partageait ses légumes avec ses collègues.
Mes parents y ont eu leur médaille d'argent du Travail. Mes parents ont pris leur retraite aux environs de 1982.
Ma famille a travaillé dans cette usine (parents et frère) pendant 56 ans. Nous avons quitté notre domicile en 1969 en raison de l'installation à la place de plusieurs petites entreprises. La dernière maison avant la nôtre appartenait à un couple du nom de M. et Mme Béziau, aujourd'hui décédés, et occupée depuis par une autre famille.
Ce qui fait mal au cœur c'est que de voir tous ces salariés restés sur le carreau, notamment à l'âge qu'ils ont. Ils ne savent pas de quoi sera fait leur avenir.
Les élus auraient pu se démener plus que de faire de beaux discours dans la presse.
Actuellement, la SNCF annonce qu'elle va recruter ainsi qu'Angers Loire métropole. Il serait bon qu'ils pensent aux salariés de Technicolor.
C'est malheureux de voir disparaître ce patrimoine industriel de toute une ville où toutes les petites maisons individuelles aux alentours étaient occupés par des salariés de l'usine jusqu'à l'entrée de Saint-Barthélemy d'Anjou jusque derrière le cimetière de l'Est.
Quel gâchis !..."

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